Poème 19 : Pensées défaillantes

Poème 19

Partie 1

 

Je ne sais quoi dire,
Mon cœur est si lourd à porter, et il tremble.
J’attends la mort et son rire
Et qu’elle me berce dans sa douce mélopée.
Je vais mourir sur un lit d’hôpital
Pour ne plus avoir à vivre la vie dans le mal.
J’aimerais périr,
J’aimerais disparaître,
Je souhaiterais ne plus exister,
Je voudrais ne plus endurer.

 

Je résiste face à l’aliénation,
Face à la torture
Dans l’obscurité qui me dévisage,
Qui me fait languir jour après jour,
À cause de l’ennui de ne rien faire dans la mélancolie.

Inintéressante est la réalité,
Inintéressante est l’existence réelle,
Cette existence qui me touche et me tourmente,
À cette fin qui m’insupporte.

 

Je n’ai point choisi d’exister,
En effet, je n’ai pas décidé de vivre.
Et pourtant on trouve et crée sa place dans ce monde malade,
Dans ce monde en dérive, et harassant.
Au secours, y a t-il quelqu’un pour m’aider ?
Au secours, que puis-je faire pour ne plus souffrir ?

 

Je m’aperçois sur un lit d’hôpital,
À la fin de mes jours.
J’irai mourir dans la paix,
Je passerai la porte de l’obscurité,
Je franchirai l’étape,
Je serai libre dans la mort.
Je n’aurai plus à vivre,
Je n’aurai plus à subir le travail,
À défaillir de mon moral,
Dans cette dictature existentielle,
Dans cette tyrannie psychologique,
Dans cette mascarade, dans cette folie, dans cette boucherie qu’est la vie vorace.

 

Marginal en exil

                           Seul sur mon île

                                                       Le mal est en idylle…

 

Partie 2

 

Ma douleur, ma souffrance n’a pas de mot.
Elle est inexplicable sans vocabulaire,
Elle est ce qu’elle est, ce que les gens incompris comprennent.

 

Dans le silence, mes journées défilent,
Et dans ces journées il y a 12 mois et 365 jours de malheur.
12 mois et 365 jours de tristesse, de moral et de cœur brisés,
Qui défilent dans ma conscience au fil des heures.
Dans la mélancolie des pièces vides,
Dans l’amertume des cœurs déçus,
Des états d’âme qui ont souffert.

 

J’aurais à dire ce que j’ai sur la conscience et le cœur,
Ma douleur se glisse le long des jours, des mois, et des années.
Elle est la bête qui ronge mes cités.
Elle est celle qui le soir m’empêche de penser.
Cette douleur de vivre, cette irritation qui te ronge dans ta peau,
Dans ton âme et dans ton corps.

 

J’ai décidé d’écrire pour consommer le temps, les années,
Car je ne sais quoi faire à part ne rien faire dans la tristesse.
J’ai décidé d’écrire pour faire quelque chose au moins,
J’aurais essayé de dire quelque chose,
J’aurais essayé d’écrire, d’envisager de survivre,
Pour que la vie soit moins douloureuse, moins écœurante, aliénante et torturante.

 

Donnez-moi un refuge de consolation,
Ce refuge, je l’aurai et je parlerai dans le silence,
Pour faire couler le temps.
La vie est un passage,
On doit franchir la porte qui nous mènera au-delà.
La porte qui nous mènera dans l’ailleurs du trépas.

 

Il n’y a rien à faire,
Je ne sais pas quoi faire,
Seul l’ennui m’aidera.
Je n’ai qu’un désir,
Laissez-moi tranquille dans mon monde,
Laissez-moi observer le monde.
Je n’ai pas besoin de gagner ma vie,
Ma vie m’appartient déjà.
Laissez-moi dans ma paresse,
Laissez-moi dans ma tendresse,
Laissez-moi dans ma détresse, s’il vous plaît.

 

Partie 3

 

L’âme est morte,
On ne peut se protéger que de l’enfer.
Il n’y a aucune émotion.
Mis à part survivre,
Et se baigner dans la protection.
Trouver un refuge, un lieu, une grotte, une caverne dans le silence,
Dans le confort, je composerais en refusant de m’insérer dans le monde,
En déclinant de participer au système et à la société.
Car mon âme est névrosée.
L’argent, je l’ignore royalement,
Ce n’est qu’artificiel et absurde.

 

Je suis seul, exilé dans mes pensées.
Je n’ai rien à faire mis à part attendre l’heure de ma mort.
Je l’attends, l’heure de ma mort et je n’ai plus peur.
Ma seule peur est de souffrir encore et encore,
Encore plus avec la souffrance physique et morale.
C’est ce qui me fait le plus peur.

Comment se passera la fin de mon âme ? la fin de toutes choses ?

 

Laissez-moi dans mon coin,
On veut me capturer, formater, torturer,
On veut me broyer, robotiser l’esprit.
Laissez-moi tranquille car je souffre déjà assez.
Je suis un marginal exilé,
Je ne veux pas travailler,
Je ne veux pas dormir,
Laissez-moi errer dans mes pensées.
Quand la nuit glaciale viendra me sauver,
Je m’évaderai au-delà de cette prison agaçante,
Car je n’ai jamais voulu exister.
Seulement pour permettre à la parole poétique de demeurer.

© Geoffroy Korn Le Bars. Tous droits réservés. Ce poème ne peut être reproduit, distribué, ou utilisé de quelque manière que ce soit sans l’autorisation écrite de l’auteur