Au début…
Histoire n°4
« Si c’est un destin inévitable, pourquoi vouloir l’éviter ? » , Solon.
Du traumatisme de la naissance à celui de la mort, il n’y avait qu’une chose, une seule vie qui
succomba à la fin du monde sur cette terre, celle de l’âme solitaire bercée par l’envie de connaître « the great truth » .
Il avait peur de souffrir car la condition humaine était dure.
L’existence était basée sur la survie, aussi bien morale que physique. Jusqu’au dernier jour de sa vie,
il regarda les saisons et le temps nostalgique défiler le long de son destin.
Le monde d’après allait bientôt prendre naissance dans l’au-delà.
L’angoisse de l’avenir ne le préoccupait plus.
Aux origines de ce monde se trouvait la maladie qui déclencha la mort et la fin de son corps.
Une lumière blanche imminente se fit alors sentir et dans le ciel infini et écarlate, un tunnel de lumière vint à sa rencontre.
Il pénétra ce tunnel dans la joie et la légèreté.
En le traversant, il n’avait plus peur de la mort. Sa disparition mystique l’avait courageusement guidé
vers une paix qui alimentait beaucoup de gaieté et d’amour salutaires.
Autrefois, la vérité, c’était ce qui l’avait poussé à vivre et à se questionner toute sa vie.
Il s’interrogeait sur la philosophie laconique de la vie et de cette réflexion naissaient des idées, des images,
d’une autre réalité venant combler son vide intérieur.
« The great truth » parlait de la vie, de l’existence, des secrets de sa conception.
On pouvait établir des liens avec des civilisations d’autres galaxies, d’autres univers,
qui vivaient comme les êtres humains dans des villes et des pays.
Au tréfonds de la voie lactée, sur d’autres planètes, la vie existait réellement.
La vérité permettait de comprendre la création de l’univers et de la vie : L’existence permettait à l’espèce
de perdurer à travers les âges et de se renvoyer le flambeau de la conception.
La vérité donnait à réfléchir sur les enjeux et origines de l’existence ainsi que le réel :
Comment et pourquoi le réel était-il aussi violent et cruel ?
Y avait-il un sens et une justification à cette absurdité ?
La vérité parlait du sens de la vie, de l’univers et de son but.
Il y avait un but que beaucoup d’âmes mutantes ignoraient, un but sublimatoire à atteindre pour transcender la souffrance.
Ce but était héroïque et devait être le combat suprême du mal face au bien.
La vérité évoquait les raisons de la mort et de la mortalité.
La souffrance de vivre était due à la mortalité orageuse. La conscience traumatique de vivre était fragile.
Elle était limitée par sa finitude : la mort spatiale dans le cosmos.
La vérité était d’une grandeur immense qui concevait le réel obsolète comme une représentation de son sens.
La représentation de la réalité devait être inexplicable.
C’est pour cela que le rationnel définissait le sens de la mortalité et le rendait perspicace.
Et maintenant qu’il comprenait la vérité, il n’avait plus peur de transcender le temps et l’espace.
Il ne faisait plus qu’un avec la vie, le bien, le sublime et la mort. Son cœur battait dans l’immortalité et son âme était éternelle.
Ainsi, vint le monde d’après, où François pouvait enfin reposer en paix.
Dans un premier temps, il y eut une renaissance de sa personne. Le paradis ouvrait ses portes à la création
et l’énergie de son âme fut remplacée par une forme géométrique ovale.
Cette forme était un œuf de l’espace.
Au-delà de l’expression de l’univers, cet œuf errait jusqu’à trouver refuge dans la lumière blanche du paradis.
Il y avait une beauté insaisissable qui gouvernait le royaume du paradis dans une douceur immaculée.
Lorsque la forme de François rentra en contact avec cette douce beauté ineffable, il prit conscience de la grandeur de l’au-delà.
Le temps n’existait plus ; il s’était arrêté pour de bon. L’horloge de l’infinie temporalité était restée bloquée sur le nombre 0-0. Un autre nombre abstrait nommé X définissait la durée de l’éternité en musique. Ce X était une symphonie abstraite qui introduisait et transcendait le temps. La beauté rayonnait de gloire sur les âmes. Elle les enveloppait pour les sublimer. François, qui écoutait la symphonie, fut à son tour sublimé par la beauté.
L’horloge de l’infini ne bougeait pas et il observait différentes aiguilles tourner en dehors du mécanisme, en s’arrêtant et sonnant toujours au même point : 0-0.
X chantait et continuait de séduire François, qui s’endormit dans sa forme d’œuf pour rêver.
Dans son rêve, il repensait à son ancienne vie sur la planète terre, une vie monotone et sinistre dans laquelle
il vécut seul et malheureux, succombant à une maladie rare qui déclencha sa mort.
Dans cette vie, il naquit en 1990 et décéda en 2050 dans l’absurde solitude la plus totale.
Il fut charpentier et ouvrier dans une usine de voitures électriques. Ce rêve le rendit triste et il se réveilla en pleurs lorsqu’arriva la matinée des cieux.
C’était son deuxième jour au paradis céleste.
La beauté n’effleurait plus François.
L’horloge de l’infini avait disparu.
X s’était éteint.
Le jour de demain n’était plus joyeux.
Le présent ineffable était redevenu vivant et présent sur terre.
« the great truth » l’avait ressuscité.
« Voyez maintenant l’existence pénible telle qu’elle se trouve dans votre réalité, là où elle avait commencé : le début de la fin ».
© Geoffroy Korn Le Bars. Tous droits réservés. Cette histoire ne peut être reproduite, distribuée, ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l’autorisation écrite de l’auteur.