Poème 10 : L’arbre songeur.
Poème 10
Je me suis souvenu l’autre jour d’un arbre qui a germé durant une nuit d’automne.
Je m’en souviens car cet arbre grimpait jusqu’à la fenêtre de ma chambre.
Lorsqu’arriva le jour, je pris connaissance de l’état de cet arbre.
Il y avait quelque chose d’anormal qui poussait dans les branches.
C’étaient des nez, des oreilles, des mains, des pieds, des bouches fleuries qui paraissaient verdâtres
et remuaient de temps à autre.
Les pieds de l’arbre étaient enracinés dans la cave de ma maison.
Une bouche parla et raconta l’histoire de la plantation :
« Nous avons été semés par un géant qui hante les nuits crépusculaires, de vos cauchemars et nous
sommes l’œuvre de sa création »
Un nez renifla les feuilles et éternua sur ma fenêtre.
Comment se fait-il qu’un monstre pareil ait décidé de créer une chose pareille ?
Une autre bouche répondit en murmurant,
« Nous sommes les entrailles de sa digestion :
Cet arbre est une erreur de la nature,
Vous l’avez vous-même créé dans votre spéculative imagination »
Alors je me souvins en sursautant l’autre nuit qu’une créature hideuse adepte de la sorcellerie s’était
métamorphosée en géant dans l’un de mes cauchemars, au fond d’une cave.
Je ne crus pas que cela prendrait de telles proportions, en basculant dans la réalité.
Je ne sus que faire pour cela.
La descente et la chute de mon rêve macabre avaient atteint le fond de ma cave.
Je ne pouvais y croire.
Le jour éclairci,
Mes voisins vinrent sonner chez moi et me questionnèrent sur cet arbre surréaliste.
Embarrassé, je ne sus répondre.
Ils me menaçaient de le couper en pénétrant dans ma cave.
Je leur interdisais, ne savant quelle chose diabolique hantait les sources de l’arbre.
La deuxième nuit tomba et en retournant me coucher une mélodie sinistre sortit de la paroi d’une
oreille.
Je pris aussitôt la décision de descendre à la cave et d’affronter ma peur.
Quand j’ouvris la porte, l’arbre se volatilisa,
Comme une étincelle jaillissant dans le ciel de mes songes.
Est-ce que je dormais à ce moment-là ?
Je ne peux vous répondre.
La frontière entre le réel et une apparition me semble encore aujourd’hui assez trouble pour évoquer
une vérité concluante et perspicace.
© Geoffroy Korn Le Bars. Tous droits réservés. Ce poème ne peut être reproduit, distribué, ou utilisé de quelque manière que ce soit sans l’autorisation écrite de l’auteur